Or, il importe de souligner que, au terme de ce parcours, la pression à la baisse exercée sur la croissance par les coûts de conversion s’estompera; par la suite, la prospérité du Canada s’appuiera sur une économie plus diversifiée et à plus faible intensité de carbone.
Le Deloitte Economics Institute a utilisé ses modèles D.climate pour effectuer des simulations de la croissance économique et des émissions de carbone pour de nombreux pays du monde. Le Canada est l’un de ceux ayant fait l’objet de cette analyse.
Cette initiative mondiale fait appel à des hypothèses normalisées qui démontrent ce qui se passera dans les pays au cours des 50 prochaines années, jusqu’en 2070, selon un scénario où les températures du globe augmentent de 3 °C par rapport à un scénario où la réduction des émissions limite la hausse des températures à près de 1,5 °C. Ces scénarios illustrent que l’inaction climatique n’augure pas bien. Un monde où les températures mondiales augmentent de 3 °C est marqué par une croissance mondiale beaucoup plus faible. La modélisation de l’institut suggère que les dommages économiques provoqués par un réchauffement planétaire de 3 °C réduiraient le PIB mondial de 8 % d’ici 2070. Il faut comparer le coût de réduction des émissions à des données de référence appropriées qui tiennent compte du coût de l’inaction.
Cette modélisation démontre que la transition vers de plus faibles émissions de carbone entraîne des coûts. L’effet modérateur qui en résulte sur la croissance économique jusqu’en 2030 concorde avec la modélisation qui a été présentée plus tôt dans ce document (c.-à-d. un scénario fondé sur une politique de tarification du carbone et une période envisagée de 2019 à 2030). Lorsqu’on évalue l’ampleur de la transformation économique et industrielle qui doit se produire pour atteindre la carboneutralité et les avantages associés au fait d’éviter les conséquences des changements climatiques, un coût de transition maximal de 0,9 % du PIB semble gérable. De plus, en prenant des mesures pour limiter le réchauffement à près de 1,5 °C, le Canada contribue à réduire les pires effets du changement climatique et à éviter les dommages qui en découlent.
Selon l’analyse actuelle, les coûts de transition atteignent leur maximum vers 2037 et diminuent par la suite (voir la figure 10). Une incidence économique nette positive se fait sentir à partir de 2060, et les chiffres continuent de grimper par après. Ainsi, la décarbonation rapide crée des coûts d’adaptation structurelle, mais des mesures ambitieuses et précoces entraînent de futures retombées économiques. Dans ce modèle, l’économie canadienne enregistrera une croissance de 30 milliards de dollars d’ici 2070, par rapport à un monde marqué par l’inaction climatique.