Outre la tarification du carbone, le pays devra intégrer l’énergie électronique à son économie et déployer des technologies à faibles émissions dans l’ensemble des secteurs et de la société. Ce ne sera ni facile, ni peu coûteux. Pour assurer une transition fructueuse, les gouvernements et le secteur privé devront faire preuve d’un leadership audacieux et d’une volonté réciproque d’effectuer les investissements nécessaires. Ils devront aussi veiller à ce que ces investissements ne soient pas réaffectés à d’autres segments de l’économie.
Si les courbes des coûts peuvent changer, il demeure possible d’évaluer certains des investissements supplémentaires qu’il faudra vouer à la décarbonation au-delà du statu quo de la tarification du carbone, comme l’indique la figure 7. Les options présentées ne sont pas exhaustives; elles donnent simplement une idée des investissements dans les infrastructures qui jalonneront probablement la voie vers la neutralité carbone. En sachant que certaines technologies sont en cours de développement et qu’elles n’ont pas encore été pleinement commercialisées, comme le CSC et le CDA, il est difficile d’évaluer les coûts d’infrastructure avec précision.
Figure 7. Estimations des investissements technologiques dans les technologies propres à des fins de carboneutralité
Les investissements annuels requis pour ces quatre volets totalisent 126 milliards de dollars au-delà de ce qui s’imposerait en l’absence de la tarification du carbone. En 2020, les investissements d’affaires non résidentiels au Canada (indexés sur l’inflation) s’élevaient à 197 milliards de dollars. Aussi, la somme supplémentaire de 126 milliards de dollars est considérable. Si les coûts étaient entièrement assumés par le milieu des affaires, il faudrait que les dépenses augmentent d’environ 65 % par rapport aux niveaux de 2020.
La combinaison de la tarification du carbone et des investissements technologiques devrait modifier l’utilisation de l’énergie au Canada de façon notable. On inciterait les ménages à passer à des VE et à chauffer à l’électricité plutôt qu’au gaz naturel. L’industrie serait également encouragée à adopter l’énergie électrique, même s’il est peu probable que les combustibles fossiles soient complètement exclus du bouquet énergétique, puisque le CSC continuerait de permettre leur utilisation (quoique de façon réduite). Dans l’ensemble, et en grande partie grâce à l’efficacité supérieure des VE par rapport aux moteurs à combustion, la consommation énergétique diminuera nettement par rapport à notre modèle (voir les figures 8 et 9).
La part de l’électricité dans la consommation totale d’énergie devrait augmenter, passant de 27 % à 55 % dans un contexte de carboneutralité. À l’inverse, la part du gaz naturel et des produits pétroliers devrait reculer de 60 % à 22 % dans cette même réalité. La proportion d’utilisation d’hydrogène et de bioénergie devrait croître fortement, même si ces ressources représenteront moins de 16 % de la consommation d’énergie au Canada une fois que l’objectif de carboneutralité a été atteint.