Les facteurs sous-jacents comprennent les régions où le climat est froid (le Canada doit consacrer plus d’énergie au chauffage que les régions où le climat est tempéré), les vastes territoires et les populations croissantes (où il faut consacrer plus d’énergie au transport dans des infrastructures dispersées), une économie industrialisée (la source de nos émissions) et d’importantes richesses naturelles qui soutiennent de grands secteurs de produits de base (l’extraction entraîne souvent de fortes émissions de carbone). Ces facteurs se reflètent dans le profil d’émissions de GES du Canada (données datant de 2019 – voir la figure 1) :
Les bâtiments occupent le troisième rang, représentant 12,4 % des émissions de GES. Cette croissance est attribuable à la transition vers une économie axée sur les services, qui augmente le besoin de locaux à bureaux; parallèlement, les émissions provenant d’immeubles résidentiels ont quelque peu diminué, malgré la forte croissance de la population.
Les industries lourdes sont responsables de 10,6 % des émissions, ce qui reflète la production dans des domaines tels que la fabrication et le traitement.
Le secteur agricole représente 10 % des émissions, ce qui a à peine changé par rapport à 2000, alors que le recul des émissions attribuables à la production animale est compensé par la hausse des émissions liées à la culture.
Le secteur de l’électricité est responsable de 8,4 % du total des émissions produites au pays. Même s’il s’agit d’un excellent exemple de réductions significatives – soit une baisse de 53 % des émissions de 2000 à 2019 en raison des progrès réalisés en décarbonation dans le secteur de l’énergie – il reste du travail à faire.
Le deuxième grand obstacle à la réduction des émissions est la volonté d’assurer que les coûts connexes sont répartis de façon équitable d’un bout à l’autre du pays. Les provinces ayant une plus grande dépendance aux secteurs très polluants pourraient faire face à des coûts de transition plus élevés. Voici un exemple concret : le secteur de l’énergie est concentré en Alberta, en Saskatchewan et à Terre-Neuve-et-Labrador. Les émissions de GES produites par les ménages varient également au Canada, en raison de divers facteurs tels que les densités démographiques, les températures moyennes, puis la taille et le revenu des familles. Néanmoins, c’est la source d’énergie qui compte le plus dans la détermination du profil d’émissions des ménages. Par exemple, malgré son climat froid, Montréal affiche le plus faible taux moyen d’émission des ménages de toutes les grandes villes canadiennes, parce que l’hydroélectricité répond à la plupart des besoins énergétiques résidentiels, y compris le chauffage domestique6. En revanche, Edmonton et Calgary affichent le taux moyen d’émission des ménages le plus élevé, ce qui est principalement attribuable aux phénomènes météorologiques extrêmes, à la faible densité démographique et à la production d’électricité à partir du charbon7.
À mesure que le Canada définit et met en œuvre des politiques de réduction des émissions, il faudra absolument diminuer l’écart entre les fardeaux régionaux, car il s’agit d’un élément primordial à la création d’un consensus quant au meilleur moyen d’atteindre nos objectifs nationaux de réduction des émissions.